2021, Odyssée sans espèces
By Soline Kauffmann-Tourkestansky - 26 mai 2017
Imaginez un monde sans espèces, où vous n’auriez plus à vous retourner les poches pour trouver la monnaie exacte, où vous dégaineriez votre téléphone portable en lieu et place de votre carte bancaire. Incongru? Pas sûr ! L’évolution des technologies a permis depuis quelques années une généralisation des comportements d’achats sans espèces, tant au niveau de la masse des consommateurs retail qu’au niveau global. De nombreuses start-ups fintech permettent de diminuer les coûts d’échanges immatériels et transforment la relation entre les banques et leurs clients. Alors à quoi pouvons-nous nous attendre dans un futur proche, et quelles sont les implications d’un monde sans cash?
Bienvenue dans l’ère du « cashless »
Les comportements des consommateurs vis-à-vis du liquide évoluent rapidement. Aux Etats-Unis, l’usage de la carte de crédit s’est généralisé depuis une dizaine d’années, et à Londres près de la moitié de la population utilise désormais un système de paiement sans contact au quotidien. Plus étonnant, 4 transactions sur 5 en Suède s’effectuent déjà de manière immatérielle. Le pays pourrait être l’un des premiers à abandonner l’usage des espèces. Cette évolution est poussée par des acteurs traditionnels tels Visa et MasterCard, des géants de la technologie (Apple Pay) ou des leaders émergeants de la fintech (WorldRemit, Azimo).
Cette tendance à l’abandon des espèces est globale et se développe autant sur des marchés développés, que sur des marchés émergents. En Afrique, des start-ups de fintech comme M-Pesa, Irofit ou Shield Finance sont à la pointe de la révolution. Alors qu’une partie de la population n’a pas accès aux infrastructures bancaires, elles font fi de ces limitations et permettent à leurs usagés d’être inclus dans l’économie grâce à des systèmes de paiement mobile. Ainsi au Kenya, le montant total des transactions par téléphone était estimé à 24 Mds $, soit plus de la moitié du PIB du pays.
Au-delà des avantages pratiques, la virtualisation de la monnaie présente aussi des avantages financiers. L’impression d’espèces, le maintien des points de retraits, la gestion administrative du cash sont autant de coûts pour les gouvernements, les banques et les consommateurs, estimés à 84 Mds € par an en Europe !
Les acteurs économiques et politiques traditionnels s’adaptent
Pour les commerces, la fin des transactions en espèces possède de nombreux avantages, mais l’adoption des technologies et leur déploiement se fait à un coût initial, tant financier qu’organisationnel, et soulèvera dans le futur des questions, par exemple dans la réorganisation des ressources humaines.
Une régulation harmonisée doit par ailleurs être mise en place, ainsi que des politiques venant en soutien au développement de processus et de produits innovants, tout en protégeant les données des consommateurs et leur identité.
Avec 85% des Millenials – un groupe de consommateurs qui va peser 1,4 trilliards € dans les 4 prochaines années – qui utilisent déjà leurs portables pour des transactions, il semblerait que les espèces soient bien une espèce en voie de disparition. La révolution du « cashless » est en marche, initiée par des entrepreneurs et des ingénieurs.