Comment la Foodtech transforme notre alimentation
By Early Metrics Team - 13 octobre 2022
Alors que la tendance mondiale de la consommation de viande est à la hausse (+ 2,3 % par an selon la FAO), certains continents comme l’Europe voient leur consommation diminuer. En effet, les tendances de consommation changent dans de nombreuses régions du monde, avec un nombre croissant de consommateurs végétariens et végétaliens. Si ce n’est pas toujours le cas, la réduction de la consommation de viande est souvent un choix fait en tenant compte des questions environnementales. Aujourd’hui, nous comprenons mieux que jamais le rôle que joue la production de viande dans le changement climatique. Elle serait responsable de 60 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre provenant de la production alimentaire. Par ailleurs, les consommateurs sont également de plus en plus conscients du gaspillage que représentent nos habitudes de consommation alimentaire. En effet, 1,3 milliard de tonnes de nourriture produite pour la consommation humaine est perdue ou gaspillée chaque année dans le monde. Le secteur de la technologie alimentaire (Foodtech) a vu naître de nombreuses startups qui transforment la manière dont nous produisons, acquérons et consommons les aliments aujourd’hui. Ce secteur en pleine croissance s’attaque à plusieurs problèmes actuels : la durabilité, la santé et l’accessibilité.
De la production à la livraison, en passant par la valorisation des déchets et les nouveaux modes de consommation, nous allons examiner dans cet article certaines des tendances Foodtech qui transforment notre quotidien.
Les startups s’attaquent aux matières premières
La production de viande occupe 70 % de toutes les terres agricoles. Selon le dernier rapport du GIEC, elle contribue à environ un cinquième de toutes les émissions de gaz à effet de serre produites par l’homme. La production laitière intensive est, quant à elle, responsable de la perte progressive de la biodiversité. Elle implique une dépendance aux pâturages mono culturels et utilise de nombreux engrais. L’élevage intensif d’animaux est donc incompatible avec les modes de consommations futurs censés réduire l’impact de l’homme sur l’environnement. Les startups, conscientes de cet enjeu, cherchent des alternatives à la viande, aux valeurs nutritionnelles équivalentes.

MosaMeat et Meatable, deux startups néerlandaises, ont décidé de miser sur une technologie récente pour contourner l’élevage. Elles utilisent des cellules de bœufs pour fabriquer un steak en laboratoire. Le procédé consiste à prélever des cellules de bovins, qui sont ensuite cultivées naturellement jusqu’à ce qu’elles deviennent de la viande hachée. Grâce à ce processus, 0,5 g de cellules de bœuf peuvent produire 80 000 steaks. Il suffit donc de quelques semaines pour produire un steak prêt à être consommé, alors qu’il faut plusieurs années pour élever des bovins jusqu’à maturité.
D’autres startups de la foodtech se concentrent sur le développement d’alternatives à la viande à base de plantes. La Vie a mis au point une recette de bacon et de lardon 100 % végétale à base de soja et de tournesol. Ce lard végétal contient 60 % de matières grasses en moins et 33 % de calories en moins que son homologue de viande. Il contient également la même quantité de protéines. HappyVore, une autre startup française, propose également plusieurs produits végétaliens tels que des saucisses à base de pois et des nuggets de blé. Ces alternatives consomment 11 fois moins de CO2 et s’inscrivent donc dans une démarche de consommation durable.
Toutefois, il convient de noter que la production et la consommation de soja ne sont pas sans conséquences, surtout s’il provient du Brésil. En effet, la production de soja est devenue un énorme marché au Brésil et une activité très lucrative. Cependant, elle est responsable d’une partie de la déforestation et de la perte d’habitat de la forêt amazonienne, et utilise souvent des OGM. Ce constat nous rappelle que les consommateurs doivent toujours examiner l’impact de leurs alternatives car l’absence de viande en soi ne signifie pas nécessairement qu’un produit est réellement durable.
Selon Barclays, le marché des alternatives à la viande représentera 10 % du marché mondial de la viande d’ici 2030. Les grands groupes ont également pris conscience de cette tendance. Tyson et Smithfield, par exemple, ont lancé des alternatives végétales et sont en concurrence avec les startups de la Foodtech. Il semble donc indéniable que les produits de substitution à la viande continueront probablement à gagner en popularité.
La Foodtech change nos façons d’acheter
Comme indiqué précédemment, plus d’un milliard de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année dans le monde. Plus précisément, en France, 10 millions de tonnes de consommables sont gaspillées chaque année, soit l’équivalent de 150 kg par personne, selon ADEME Expertises. Cette statistique est particulièrement problématique lorsque l’on sait que 7 % de la population européenne ne mange pas à sa faim.
Conscients de cet enjeu social, Jean Moreau et Baptiste Corval, fondateurs de Phénix, se sont attaqués au gaspillage alimentaire en 2014. Ils ont développé une application qui permet d’offrir une deuxième vie aux invendus. L’application met en lien les commerçants qui disposent d’aliments qui n’ont pas trouvé preneur et des consommateurs qui souhaitent les récupérer à prix réduit. Ainsi, en 2022, plus de 150 millions de repas ont été sauvés et ont permis de nourrir les dizaines de milliers d’utilisateurs quotidiens de l’application. La lutte contre le gaspillage alimentaire est bel et bien un acte gagnant-gagnant et dans l’air du temps.
Le monde de l’entrepreneuriat s’est également penché sur une autre problématique : le manque de temps pour faire ses courses en rentrant du travail. Qui n’a jamais dû commander un repas à la dernière minute ou chercher désespérément un supermarché encore ouvert le soir ? Totem, startup fondée en 2016, a décidé d’apporter le supermarché au sein des bureaux ! Finies les contraintes de temps, Totem a mis au point un espace de vente accessible 24h/24h. Les paiements s’effectuent grâce à une application mobile. Totem offre ces services pour un prix abordable, sans contrainte de temps et couvre tous les besoins, du petit-déjeuner au dîner.
La Foodtech transforme nos modes de consommation
En Europe, 60% des adultes souffrent de surpoids ou d’obésité. Loin d’être un enjeu mineur, ce problème de santé publique a été mis en exergue lors de la crise du Covid-19. En effet, l’obésité a été un des facteurs aggravants de la maladie : 40 % des personnes décédées du Covid-19 étaient obèses.
De nombreuses startups de la Foodtech offrent des solutions simples d’utilisation pour combattre ce problème. Clear.bio a mis au point un capteur qui suit les habitudes alimentaires des consommateurs. Le but du capteur est de surveiller l’influence de chaque repas sur le taux de glucose dans le sang et de récolter des données. Ces données fournissent ensuite un score alimentaire pour chaque repas. L’application va alors recommander un régime alimentaire personnalisé, élaboré par des experts, en fonction des habitudes et du taux de glucose de chacun. La solution est particulièrement pertinente pour suivre des personnes diabétiques. Selon International Diabetes Federation, 60 millions de personnes sont diabétiques en Europe et près de 500 millions dans le monde. Le marché de la surveillance alimentaire est donc un enjeu crucial pour l’avenir.
Par ailleurs, nos hormones peuvent aussi influencer nos habitudes alimentaires. La startup britannique MoodyMonth a donc développé une application qui suit les fluctuations hormonales par le biais de l’humeur et des symptômes saisis par l’utilisateur. Ces informations vont ensuite être analysées et vont permettre de produire des prévisions personnalisées. L’application fournit ensuite des recommandations quotidiennes en matière de nutrition et d’alimentation afin de rationaliser l’humeur et le bien-être.
D’autres applications, comme Yuka, conseillent le consommateur en fonction des valeurs nutritionnelles d’un produit. Les utilisateurs peuvent ainsi vérifier de manière indépendante si les aliments qu’ils achètent contiennent des additifs nocifs, trop de sel, trop de sucre ou d’autres ingrédients problématiques dont ils doivent être conscients.
Les startups renouvèlent notre perception des aliments
Le gaspillage alimentaire ne se joue pas qu’à l’échelle du consommateur. Selon l’ADEME, 67 % du gaspillage alimentaire a lieu avant même de se trouver dans notre assiette. Sont mis en cause des aliments qui ne respectent pas les normes esthétiques et donc jugés invendables. Les startups de la Foodtech cherchent donc à récupérer ces produits pour les revendre ou les réutiliser.
La startup Wtrmln Wtr a décidé de récupérer des pastèques qui allaient être détruites car pas assez « jolies » pour les consommateurs. Plutôt que de les jeter, Wtrmln Wtr les transforme en jus. Le consommateur, qui ne l’aurait certainement pas choisie sur l’étale, consomme la pastèque en jus et participe ainsi à une consommation plus responsable.
Dans cette même veine, Barnana a décidé de récupérer les bananes jugées disgracieuses pour en faire des chips. À ce jour, la startup a permis de sauver plus de 20 millions de tonnes de bananes. D’autre part, il existe aussi des startups comme Oddbox et HorsNormes, qui travaillent avec des agriculteurs locaux pour vendre directement aux consommateurs des produits difformes, endommagés ou en surplus.

Les startups de la Foodtech quadrillent tous les pans de notre alimentation. Elles veulent révolutionner de manière complète notre façon de manger et de concevoir la nourriture. Ces entreprises jouent un rôle important lorsqu’il s’agit d’aider le secteur alimentaire à devenir plus durable, de fournir aux consommateurs les outils nécessaires pour mieux gérer leur santé nutritionnelle et d’apporter plus de facilité dans la façon dont nous achetons les aliments au quotidien. Il n’est donc pas étonnant de savoir que le secteur mondial de la Foodtech devrait atteindre une valeur de 342 milliards de dollars en 2027.