Les startups au secours des véhicules électriques et de leurs freins actuels

By Katerina Mansour - 23 septembre 2021

Le marché des véhicules électriques a assurément connu une croissance considérable au fil des ans. La demande, les ventes et la fabrication ont augmenté. Nouvelles marques, nouveaux modèles, nouvelles solutions… le marché des véhicules électriques ne chôme pas ! Toutefois, ce n’est un secret pour personne : plusieurs obstacles entravent la croissance de l’adoption de ces véhicules.

Nous vous proposons d’analyser les principaux enjeux et opportunités du marché des véhicules électriques. Nous examinerons également les solutions que les startups proposent aujourd’hui aux acteurs du marché.

2020 : une bonne année pour les véhicules électriques

Malgré un ralentissement lié à la pandémie de Covid-19, le marché mondial des véhicules électriques s’est bien porté en 2020. Selon le rapport Global EV Outlook de l’AIE pour 2021, il y avait plus de 10 millions de voitures électriques en circulation dans le monde en 2020. Ce chiffre représente une augmentation de 43 % par rapport à 2019. L’Europe a connu le plus grand volume de nouvelles immatriculations de voitures électriques, soit 1,4 million de nouvelles plaques. Rien qu’en France, 110 916 nouvelles voitures particulières électriques ont été immatriculées en 2020. Si ce chiffre ne semble pas énorme, il est largement supérieur à celui des années précédentes : 42 763 en 2019 et 31 055 en 2018. Dans l’ensemble, les consommateurs ont dépensé 120 milliards de dollars pour l’achat de voitures électriques en 2020, ce qui représente :

  • une augmentation de 50 % des dépenses,
  • une augmentation de 41 % des ventes
  • une hausse de 6 % des prix moyens par rapport à 2019.

Quels sont les principaux éléments moteurs du marché ?

De nombreux facteurs permettent d’expliquer pourquoi les véhicules électriques ont connu une croissance malgré la pandémie. La sensibilisation croissante aux solutions de mobilité durable n’y est pas étrangère. Les deux facteurs sur lesquels nous allons nous concentrer ici sont la baisse des prix et les réglementations gouvernementales.

La baisse du coût des batteries entraîne une baisse des prix

Les progrès technologiques ont permis aux batteries des véhicules électriques d’être moins chères. Elles ont en effet longtemps été la partie la plus chère d’une voiture électrique, ce qui a fait grimper les prix et donc freiné les taux d’adoption. Selon le rapport de l’AIE, en 2010, le prix d’une batterie de véhicule électrique était d’environ 1 100 $ par kWh. Or, en 2020, leur prix est tombé à environ 137 $ par kWh, voire 100 $ par kWh en Chine. La baisse de ce coût s’accompagnera de la baisse des prix des voitures électriques. À leur tour, ces véhicules seront en mesure de concurrencer plus directement les véhicules à essence.

Les nouvelles lois et réglementations favorisent l’adoption 

De nombreux pays ont introduit de nouvelles réglementations dans le cadre de leurs efforts pour lutter contre le changement climatique. Les voitures électriques sont considérées comme l’un des nombreux moyens essentiels pour réduire notre impact sur l’environnement.

Les normes d’émission de CO2 de l’Union européenne limitent les émissions moyennes de CO2 par kilomètre parcouru pour les nouvelles voitures. Plusieurs pays européens ont également augmenté les subventions pour les véhicules électriques dans le cadre de leurs plans de relance en réponse à la pandémie.

Les États-Unis, l’un des plus grands marchés pour les véhicules électriques, ont eu recours à des exonérations fiscales, des crédits d’impôt et des remises pour favoriser l’adoption de ces véhicules. D’autre part, la Chine, autre marché de taille pour les voitures électriques, a exempté ces véhicules de taxes à l’achat. Le pays a également imposé aux constructeurs automobiles un mandat selon lequel les véhicules électriques devront représenter 40 % de leurs ventes d’ici 2030.

Il ne s’agit là que de quelques exemples des nombreuses stratégies que les pays adoptent pour promouvoir l’utilisation des véhicules électriques. En effet, les gouvernements reconnaissent leur rôle central pour que la mobilité plus durable devienne une réalité. Selon l’AIE, les gouvernements du monde entier ont dépensé 14 milliards de dollars en incitations directes à l’achat et en déductions fiscales pour les voitures électriques en 2020, soit une augmentation de 25 % par rapport à 2019.

Quels sont les défis à relever ?

Si le marché des véhicules électriques a connu une croissance impressionnante, ces véhicules ne représentent encore qu’environ 3 % des ventes mondiales de voitures (2,6 % en 2019). À ce titre, il y a encore beaucoup de travail à faire. Les taux d’adoption sont influencés négativement par de nombreux facteurs. Voici trois obstacles qui entravent ce marché.

Le manque de stations de chargement

L’un des problèmes les plus fréquemment cités en ce qui concerne les véhicules électriques est le manque de stations de recharge et d’infrastructures. Si l’on prend l’exemple des États-Unis, les estimations montrent qu’il pourrait y avoir 35 millions de véhicules électriques sur les routes d’ici 2030. Pourtant, le pays ne compte que 100 000 stations de chargement. Pour favoriser la croissance de ce marché, le président Biden souhaite que 500 000 nouveaux chargeurs de voiture soient installés d’ici à 2030. S de nombreuses personnes sont incitées à acheter des véhicules électriques, des problèmes importants se poseront s’il n’y a pas assez de stations de recharge pour eux.

Au Royaume-Uni, le problème est le même. Il y a aujourd’hui 25 000 stations de recharge disponibles. Toutefois, l’Autorité de la concurrence et des marchés estime qu’il en faudrait au moins dix fois plus d’ici 2030 pour répondre à la demande. Le Royaume-Uni sert également d’exemple pour illustrer la disparité des chargeurs disponibles. Il y a beaucoup plus de bornes de recharge disponibles dans les zones urbaines que dans les zones rurales. Il y a quatre fois plus de chargeurs à Londres que dans le Yorkshire et Humber, par exemple.

Les consommateurs du monde entier s’expriment sur cette question. Une enquête américaine a montré qu’environ la moitié des personnes qui ne prévoient pas d’acheter un véhicule électrique affirment que l’insuffisance des infrastructures de chargement les freine. En Allemagne, le rapport 2021 Mobility Monitor a montré que 66 % des consommateurs citent le manque de stations de recharge comme un facteur dissuasif pour l’achat d’un véhicule électrique. Ainsi, pour stimuler les taux d’adoption, la perception du public doit être influencée par un changement dans la disponibilité de la recharge.

Le temps de charge

Le temps de charge est un autre facteur qui freine l’adoption des véhicules électriques. Pour un véhicule à essence, il suffit de se garer dans une station-service, qui sont nombreuses, et de prendre quelques minutes pour faire le plein. Cette commodité est difficile à égaler si l’on considère l’état des stations de recharge des véhicules électriques et les temps de recharge aujourd’hui dans la plupart des pays.

Nous avons tendance à opter pour l’option la plus pratique et la plus simple. Si les véhicules électriques doivent devenir la norme, ils devront devenir aussi pratiques et efficaces que les véhicules à essence. Aujourd’hui, c’est loin d’être le cas.

Selon la batterie du véhicule, la recharge d’une voiture électrique peut prendre environ 30 minutes, même dans l’une des stations de recharge les plus rapides du marché. Dans la plupart des cas, il est plus réaliste de compter plusieurs heures. En outre, alors que de nombreuses marques comme Tesla construisent des stations de recharge rapide pour tenter de résoudre ce problème, le réseau est mis sous pression. Si la conduite d’une voiture électrique devient la norme et que tout le monde s’attend à une recharge rapide, cette pression pourrait devenir problématique.

Un coût d’entrée élevé

Peu de consommateurs sont prêts à payer un prix élevé pour un véhicule électrique. Une enquête mondiale a montré que 67 % des consommateurs achèteraient une voiture électrique pour le même prix qu’un véhicule à moteur à combustion interne. Seuls 16 % ont déclaré qu’ils paieraient jusqu’à 25 % de plus. Une enquête menée aux États-Unis a montré que seuls 18 % des consommateurs seraient prêts à payer plus cher pour un véhicule électrique. De plus, l’enquête a montré que le montant maximum que les consommateurs seraient prêts à payer pour un véhicule électrique était de 25 000 $. Or, la moyenne nationale est de 40 000 $.

Si le coût de l’entretien des véhicules électriques est réputé être bien inférieur à celui des voitures à essence, le coût initial est plus élevé. Cette disparité de prix devra être réduite si l’on veut que davantage de consommateurs achètent des véhicules électriques.

Que proposent les startups ?

Maintenant que certains des enjeux du marché des véhicules électriques ont été passés en revue, examinons les entreprises qui proposent des solutions.

La recharge des véhicules électriques

Early Metrics a noté trois projets prometteurs qui contribuent à résoudre les problèmes liés à la recharge des voitures :

  • Etrel développe des stations de recharge intelligentes et interactives. La startup utilise une technologie qui respecte un équilibre entre la charge des véhicules et la demande du réseau. Ses stations de charge utilisent l’IA pour apprendre des habitudes de charge des consommateurs et prévenir les surcharges du réseau.
  • Freshmile développe une solution de recharge tout-en-un. Les consommateurs achètent un abonnement de recharge sous la forme d’une carte ou d’un badge. Ils téléchargent l’application de la startup et peuvent trouver 100 000 stations de recharge dans toute l’Europe. La startup gère ces stations de recharge, de la maintenance aux tarifs en passant par le service client. Elle déploie également de nouvelles stations de recharge pour ses clients via ses partenaires.
  • Clem’ développe une application de partage et de recharge de voitures. Les consommateurs peuvent utiliser l’application pour louer un véhicule électrique ou en recharger un facilement. L’application permet aux utilisateurs de trouver des stations de recharge à proximité et de les réserver.

Il faut espérer que le déploiement d’un plus grand nombre de bornes de recharge dans les zones urbaines et rurales et la simplification de la recherche des bornes et de la recharge des véhicules contribueront à résoudre le problème de l’accès aux infrastructures de recharge.

Des startups conçoivent également de nouvelles technologies de recharge. Par exemple, Easelink développe la charge matricielle : une technologie de charge conductive automatisée. Les véhicules équipés de cette technologie se rechargeront automatiquement lorsqu’ils seront garés au-dessus d’une borne de recharge matricielle.

Source : Easelink

Effets sur le réseau

Ferroamp, l’une des startups les mieux notées par Early Metrics, aborde la question du réseau électrique. Sa solution EnergyHub associe les cellules solaires, la recharge des voitures électriques et le stockage de l’énergie aux autres consommateurs d’électricité d’une propriété. La technologie d’équilibrage de phase de la startup permet une utilisation plus efficace de la connexion au réseau électrique d’une propriété. L’énergie peut être partagée entre différentes propriétés via un réseau local à courant continu. Des solutions de ce type contribuent à réduire la pression exercée sur les réseaux par les besoins supplémentaires liés à la recharge des véhicules électriques.

Le temps de charge

Evenate développe une technologie de batterie Li-ion à dominante silicium. Les batteries de la startup visent à aider les véhicules électriques à se charger plus rapidement. La technologie de batterie haute densité d’Enevate est capable de charger un véhicule en cinq minutes, ce qui rend les véhicules électriques aussi pratiques que les voitures à essence.

Echion Technologies est une autre startup qui s’attaque au problème du temps de charge par le biais de la technologie des batteries. Elle a mis au point des matériaux anodiques à base de niobium qui permettent aux cellules de se charger en toute sécurité en six minutes.

Le coût

Enfin, en ce qui concerne le coût des véhicules électriques, l’accent semble être mis sur les batteries. En effet, comme indiqué précédemment, le coût de la batterie d’une voiture électrique a déjà considérablement baissé. Réduire encore son coût est l’objectif de nombreuses entreprises pour contribuer à rendre ces véhicules plus abordables. Les efforts d’Elon Musk dans ce domaine l’ont amené à déclarer qu’une nouvelle technologie de batterie pourrait aboutir à un véhicule Tesla à 25 000 dollars. Si ce résultat était atteint, les voitures électriques deviendraient sans aucun doute une alternative beaucoup plus compétitive face aux véhicules à essence.

Alors que les efforts pour lutter contre le changement climatique se poursuivent, de nouvelles réglementations concernant les véhicules électriques vont certainement voir le jour. Par ailleurs, la demande de produits durables comme les véhicules électriques va continuer à croître au rythme de la sensibilisation. Les startups ont un rôle essentiel à jouer pour aider les entreprises et les consommateurs à adopter ces véhicules comme moyen de transport durable et à transformer le secteur de la mobilité.

Traduit de l’anglais par Julie Durban

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